Méconnue
en France, cette ancienne colonie espagnole reste aujourd'hui, aux
yeux de l'ONU, un « territoire non autonome à décoloniser ».
Or cette situation perdure depuis plus de 40 ans !
Revenons
sur quelques moments de l'histoire de ce territoire pour comprendre
la situation actuelle.
Le Maroc et le Sahara Espagnol à l'époque coloniale |
C'est
en 1884, à la Conférence de Berlin, que l'Espagne obtient la
souveraineté de ce territoire de 200 000 km², ce qui lui permet
d'installer des pêcheries le long de la côte atlantique considérant
ce territoire comme base arrière des îles Canaries. Jusqu'en 1934
l'Espagne s'intéresse peu à ce territoire plutôt désertique, mais
sous la pression de la France, puissance colonisatrice du Maroc, des
frontières sont alors tracées et il devient le Sahara Espagnol.
À
l'indépendance du Maroc en 1956, le Sahara reste sous souveraineté
espagnole jusqu'en 1975. Cette année-là, suite aux Accords
Tripartites de Madrid entre l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie,
l'Espagne se retire du Sahara et le partage du territoire entre le
Maroc et la Mauritanie est officialisé.
C'était
sans compter avec la population sahraoui qui n'a pas été consultée
mais qui, depuis 1973, revendique l'indépendance du territoire sous
l'impulsion du Front Polisario (Front populaire de Libération de Sakia el Hamra et Rio de Oro). A la fin de l'année 1975, le roi du
Maroc, Hassan II, mobilise 300 000 marocains au cours de la « Marche
Verte » pour une occupation « pacifique » du
territoire car on sait alors que le Sahara Occidental possède de
riches gisements de phosphate.
En
1976 le Polisario proclame la République Arabe Sahraouie
Démocratique (RASD) et lance une guerrilla contre les armées
marocaine et mauritanienne. La population civile sahraouie part alors
se réfugier à Tindouf de l'autre côté de la frontière
algérienne. C'est là que l'administration de la RASD s'installe
sous la protection de l'Algérie.
Le territoire occupé par les sahraouis s'étend à l'est, le long de la frontière avec la Mauritanie et l'Algérie. |
Après
le retrait de la Mauritanie, le Maroc occupe environ 80% du Sahara
Occidental, et pour éviter les incursions des militants sahraouis
contre ses intérêts, construit un mur de sable le long du
territoire occupé par le Polisario.
Cette
guerre va durer jusqu'en 1991, date à laquelle les deux parties vont
signer un accord sous l'égide des Nations Unies. Le plan des Nations
Unies prévoit un cessez-le-feu et l'organisation d'un référendum
d'autodétermination du peuple sahraoui : la MINURSO (mission de
l'ONU pour le Sahara Occidental) est créée pour faire respecter
l'accord.
Mais
ce projet de référendum va très vite se heurter à la difficulté
de définir le corps électoral, car à partir de cette date, le
Maroc favorise l'installation de citoyens marocains au Sahara
Occidental en vue de modifier ce corps électoral en sa faveur. Enfin, en 2004, Rabat propose un rattachement du Sahara au Maroc dans le cadre
d'une large autonomie. La France et l'Espagne y sont favorables mais
les Sahraouis s'y opposent farouchement et la situation reste bloquée
jusqu'à aujourd'hui.
Le drapeau de la RASD flotte sur un poste frontière |
Néanmoins
à partir de 2014, le secrétaire général de l'ONU dénonce
régulièrement la politique du « fait accompli » du
Maroc qui cherche à assimiler le Sahara à son propre territoire
tant pour l'exploitation illégale des richesses naturelles que pour
l'administration du territoire, par exemple en réprimant violemment
les manifestations en faveur de l'autodétermination sahraouie.
Dernièrement,
au mois de décembre 2018, des négociations entre le Maroc et le
Polisario ont repris à Genève car l'ONU voudrait régler
définitivement la question du Sahara Occidental, 43 ans après le
retrait de l'ancienne puissance coloniale.