Ceuta est une ville qui a été profondément marquée par la période franquiste puisque c'est du Protectorat espagnol -et tout particulièrement de Ceuta et de Melilla-qu'est parti le soulèvement militaire à l'origine de la Guerre Civile espagnole : le discours franquiste, l'omniprésence des militaires africanistas(1) à la tête de la gestion de la ville pendant toutes ces années, ont créé l'image d'une Ceuta étroitement liée à la Dictature, d'une ville conservatrice en phase avec l'idéologie franquiste « national-catholique ».
À la fin de l'année 2007, le Congreso de los Diputados espagnol a approuvé une loi qui « reconnaît les droits et qui établit des mesures en faveur des victimes des persécutions et de la violence qui eurent lieu pendant la Guerre Civile et la Dictature ». C'est la loi sur la « Mémoire Historique »
Comment la ville de Ceuta allait-elle recevoir cette nouvelle loi ?
Comment la ville de Ceuta allait-elle recevoir cette nouvelle loi ?
En fait « la récupération de la mémoire historique » avait déjà été initiée avant la loi de 2007, et c'est le mérite des historiens ceuties d'avoir levé le voile sur cette période agitée de l'Histoire d'Espagne. Grâce à leurs recherches et à leur obstination, la municipalité, à la fin des années 1990, avait donné le nom du dernier maire socialiste(2), fusillé en 1936, à une rue principale de Ceuta et en 2006 la statue de ce personnage politique local était placée devant l'entrée de la mairie.
Par ailleurs, la plupart des victimes du soulèvement franquiste furent enterrées dans une fosse commune du cimetière de Ceuta qui resta abandonnée pendant de nombreuses années. En 2006, la municipalité fit construire un monument sur cette fosse commune pour lui rendre un peu de dignité mais le monument restait encore anonyme. Ce fut encore l'obstination d'un de ces historiens natifs de Ceuta qui tira de l'anonymat les victimes : l'historien(3) retrouva le nom des 169 victimes enterrées dans la fosse commune puis insista auprès de la municipalité pour faire graver des plaques portant leur noms.
En honorant les victimes du soulèvement militaire et de la répression franquiste, la population et la municipalité de Ceuta ont définitivement tourné la page de leur passé franquiste.
(lire l'article dans son intégralité)
1- Militaires espagnols liés à l'aventure coloniale en Afrique.
2 -Antonio López Sánchez Prado.
3 -Francisco Sanchez Montoya.
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